• Moi et mes idées saugrenues...

    Je souhaitais rédiger un article sur un chouette livre pour ado, et puis mes pensées ont dérivées - comme d'habitude - vers d'autres territoires, et voilà comment je me retrouve à tenter de vous éclairer sur les différentes superstitions liées au sel.

    Alors oui, j'aurai pu tout lâcher et pondre bien gentiment ma critique sur le bouquin que je venais de lire - mais l'Idée de m'a pas lâchée. Plantée devant moi, l'air de dire "non, je ne partirai pas, et si tu ne pousses pas plus loin tes investigations, je te hanterai pendant toute la nuit".

    Voilà comment forcée et contrainte je rassemble donc mes petites notes pour vous faire part de mes découvertes.


    [Superstition] Passe-moi l'sel !




    D'où vient le sel ?

    Ah non ! Je ne vais tout de même pas vous expliquer en plus ce que c'est, non ?...
    Oh, ça va, si on ne peut plus poser de questions...


    Le sel est généralement issu de marais salant ou de mines de sel - et ne comptez pas sur moi pour développer cette partie... Il contient entre autre du chlorure de sodium, du magnésium, du calcium, du potassium, des opposums...

    Historiquement, le sel a revêtu une grande importance stratégique et commerciale - L'empire romain qui en détenait le monopole, la gabelle (impôt sur le sel) au Moyen-Age en France, les routes du sel, monnaie d'échange...

    Hier comme aujourd"hui, le sel est partout, et a sucité quantité de superstitions... Element purificateur, symbole de vie et de fertilité, protecteur en toute situation...


    Les superstitions liées au sel


    Tracer un cercle de sel autours de soi protège des mauvais esprits. Ce genre de cercle est également utilisé dans certains rituels magiques. De même, mettre un peu de sel dans ses poches fait fuir les démons. On peut également verser un peu de sel dans les coins de la maison - on pourra ainsi y séjourner en toute sécurité.

    Une femme qui sale trop un plat est forcément mauvaise cuisinière amoureuse. En Espagne, trouver du sel dans le lit conjugal conduit au conflit (mais les probabilités pour trouver ce genre de chose dans son lit sont assez minces il me semble, ou alors les Espagnols ont certaines coutumes que je préfère ignorer).

    Mesdames, vous êtes enceintes et souhaitez connaître le sexe de votre enfant ? Versez un peu de sel sur votre poitrine : s'il fond, ce sera une fille, sinon ce sera un garçon. L'auteur décline toute responsabilité en cas de différence avec l'annonce ci-dessus...

    Lorsqu'on renverse du sel sur la table, il faut immédiatement en jeter une pincée par-dessus l'épaule gauche pour conjurer le mauvais sort. Cette croyance viendrait du Moyen-Age, au temps de la gabelle, où l'on ne pouvait se permettre de gâcher le moindre grain de sel - en jeter une pincée supplémentaire prouvait au sort que l'on n'était pas si pauvre que cela.

    Enfin, il ne faut pas se passer le sel de main en main à table ! Mais comment faire, alors ? Tout bêtement, vous faites glisser la salière vers la personne qui le souhaite - avec le risque d'en renverser et de devoir en balancer une pincée par-dessus l'épaule, ça peut finir par devenir long et chiant, et puis finalement lâche-moi avec ton sel, il est très bien assaisonné ce plat - ou alors...

    ou alors...

    en investissant dans ces salières super mimi qui résoudront cet épineux problème :






    Et voilà, grâce à moi vous savez maintenant quantité de petites choses parfaitement inutiles sur le sel qui vous permettront de briller en soirée !

    Ne me remerciez pas surtout, c'est tout naturel.


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  • Traversons, vous et moi, ce marais... Non ? Vous avez peur de quoi ? De la nuit ? Elle ne va pas vous manger, la nuit... Et puis, je suis là, moi, je vous protège... Et alors ? Vous hésitez encore ? Mais les légendes que je vais vous rapporter ont lien avec les marais et les cimetières, alors, quel cadre plus approprié que celui-ci ?

    Alors écoutez, et ne faites pas attention à cette lueur que vous appercez au loin, du coin de l'oeil, car les feux follet sont joueurs, et pourraient tenter de vous entraîner en des lieux bien sombres...


    [Légendes] Les feux follets



    Le nom de feu follet vient du latin ignis fatuus "esprit du feu". Selon les régions, on les nomme lumerelle, escaufeur, schoeffer, culard, fofu...

    L'approche scientifique

    Parce qu'il faut bien en passer par là...

    Les feux follets s'observent essentiellement dans les cimetières ou les marais. Il s'agit d'une lueur pâle et diffuse, pouvant être bleu, jaune ou rouge, et flottant au-dessus du sol ou de l'eau. Ils sont provoqués par le méthane, qui vient des herbes en décomposition ou des cadavres. A noter que les feux follets ne brûlent pas, ni n'enflamment rien. Ils brillent, c'est tout. "Et pourquoi ?" me demanderez-vous. A ce stade, permettez-moi de prendre un air inspiré et mystérieux qui signifie tout simplement que je n'en sais rien - et que je n'ai rien compris aux réponses que j'ai lues.

    Grâce - ou à cause - de nos méthodes modernes consistant à emprisonner nos cadavres dans des cercueils hermétiques et à drainer tout marais qui bloblote tranquillement, les feux follets se font plus rares...

    Attention ! Les feux follets ne sont pas à confondre avec les feux de Saint Elme, que l'on observe sur les mâts des navires ou sur les ailes des avions certains soirs.


    L'approche fantastique

    Entrons donc dans le vif du sujet

    Généralement, on dit que les feux follets sont les âmes des enfants morts sans baptèmes ou des âmes en peine réclamant des prières afin de sortir du Purgatoire. Ils peuvent aussi représenter des femmes ayant péché et condamnées à revenir sous cette forme pendant sept ans après leur mort. En pays de Galles, ce sont des esprits qui viennent chercher un parent à l'article de la mort ; dans ce cas-là, la taille de la flamme détermine l'âge de la personne qui va mourir...
    Les feux follets sont également, dans de nombreux cas, des esprits malfaisants qui cherchent à égarer les voyageurs en les menant au plus profond des marais. Gare à qui suit ce simulacre de lanterne !...

    Pour se débarasser des feux follets, il existe trois méthodes. L'une des plus simple - à condition de se trouver près d'un étang - est de jeter une pierre dans l'eau. Persuadés d'avoir réussi son mauvais tour, le feu follet s'éloigne en ricanant chercher d'autres victimes de ses farces macabres. On peut également se signer lorsqu'on voit apparaître l'un de ces petits brûlots.
    Enfin, la dernière solution est de planter une aiguille en terre. Les feux follets voudront alors absolument passer par le chas - et le temps qu'ils y arrivent, vous aurez déjà couru très loin...


    Jack O' Lantern

    Petit bonhomme rusé et malfaisant...

    Jack O' Lantern, ou Will O' the wisp (Will au tortillon) était - avant d'être repris par le folklore d'Halloween - un feu follet.
    De son vivant, Jack était un bon vivant, buveur et ripailleur. Lorsque le Diable tenta de passer un pacte avec lui afin de lui dérober son âme, le rusé Jack parvint à doubler à plusieur reprise le Malin, repoussant à chaque fois l'échéance, pour mieux le piéger ensuite. Pour finir, le Diable promis de guerre lasse de ne jamais prendre son âme...


    [Légendes] Les feux follets



    Mais lorsqu'il mourut, Jack ne fut pas accepté au Paradis - une vie à boire et à courir la gueuse n'est apparemment pas du goût des anges. Il se tourna donc vers l'Enfer, dont le Diable lui refusa l'accès, puisqu'il avait fait le serment de ne pas s'emparer de son âme.
    Par pitié, par bonté ? Le Diable donna à Jack une petite braise afin qu'il retrouve son chemin.

    Jack revint donc errer sur terre pour l'éternité, sa petite braise enfermée dans une lanterne - ou dans un navet ou une citrouille, selon les traditions. Il guide parfois les voyageurs égarés, mais pour mieux les diriger vers le bord d'une falaise ou les eaux traitresses d'un profond étang...


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  • En septembre, lors des fêtes de l'Indra Jatra, des milliers de personnes se pressent à Kathmandu pour apercevoir la Kumari (vierge, en népalais) - personnification vivante de Taleju, femme de Shiva - bénir le roi du Népal.

    Selon la légende, le Roi Jayaprakash Malla pris l'habitude de jouer le soir seul dans sa chambre au tripasa (un jeu de dés) avec la déesse Telaju. Une condition : ne jamais tenter de la séduire - ce qu'il fit. Furieuse, Taleju lui retira sa protection. Elle se laissa cependant fléchir, et lui promis de revenir sous les traits d'une petite fille.

    Les futures Kumari sont sélectionnées dès qu'elles perdent leur première dent de lait ; elles sont choisies selon 32 critères de beauté - en outre leur horoscope doivent être favorable au monarque régnant. La petite fille qui devient Kumari entre toute est celle qui a réussi à passer une étrange épreuve sans montrer de peur : se promener entre des animaux décapités.


    Kumari, la petite déesse vivante du Népal



    La Kumari est habillée exclusivement de rouge - couleur des dieux - et un lourd trait de khôl sous les yeux la protège contre les démons. A son front s'ouvre le troisième oeil. Ses pieds ne touchent jamais le sol, considéré comme impur.
    Le moindre de ses gestes est synonyme de présage, aussi la Kumari se montre-t-elle la plus impassible possible. Installée dans un temple et séparée de sa famille, la jeune fille est servie comme une reine et croule sous les présents.
    Il ne faut cependant pas que la Kumari perde une seule goutte de sang ; c'est pour cela qu'elle ne joue que rarement avec d'autres enfants...

    Le jour de ses premières règles, la Kumari doit démissionner et retourner dans sa famille, redevenant une Népalaise anonyme. Dur, quand on a été adulée pendant tant d'années !... Le gouvernement leur verse une très confortable rente annuelle pour "service rendu à l'Etat", mais malgré cette importante dot, elles ont du mal à trouver un mari : une légende dit que celui qui déflore une ancienne Kumari mourra dans l'année...

    Heureusement, depuis quelques années elles bénéficient d'une éducation pendant leur règne, afin de pouvoir passer des diplômes et être ainsi autonome après leur destitution...

    __________________________________________

    A lire : Quand j'étais déesse, de Irène Cohen-Janca, aux éditions Actes Sud Junior. Un court texte publié dans la collection "D'une seule voix", fulgurant, sur les sentiments d'une petite Kumari destituée. C'est ce court roman qui m'a donné envie d'en savoir plus sur cette coutume, et sur ces jeunes filles.


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  • Un soir comme tant d'autres en Ecosse... Une famille de nobles dîne.  Le seigneur et sa famille, plus les domestiques de sa maisonnée. Les flammes crépitent, piquant contraste avec le froid qui règnent à l'extérieur. Atmosphère sereine des fins de soirées. Soudain, un cri s'élève sur la lande, atroce, monte et tourbillonne dans des aigus insoutenables.
    Dans un grand fracas de chaises, tout le monde s'est levé. Pâles, les domestiques murmurent des prières, tandis que la femme du seigneur étreint farouchement ses enfants. Sur toutes les lèvres, une question muette : pour qui crie la banshee ? Qui est condamné à une mort inéluctable ?


    Le keening de la banshee




    La banshee est une fée crainte et révérée, attachée à des clans écossais ou irlandais, et qui apparaît pour annoncer en hurlant le décès d'un membre de la famille à laquelle elle est liée. Vêtue d'un manteau vert et d'un robe blanche, ses cheveux sont hirsutes et ses yeux rouges d'avoir trop pleuré. Elle est généralement représentée comme une jeune fille, ou, à l'inverse, comme une vieille femme. Elle peut également se tranformer en corbeau, en roitelet ou en rouge-gorge.

    Son cri - le keening - est terrifiant : il tient tout à la fois du hurlement du loup, des pleurs d'un enfant, du cri d'une oie sauvage et des plaintes d'une femme prête à accoucher. il est en outre si puissant qu'il réveille les dormeurs et peut se faire entendre par-dessus la plus forte des tempêtes. Il est plus ou moins strident selon que la mort annoncée sera douloureuse ou non... Par ce cri, la banshee condense tout le désespoir de la famille endeuillée.
    Il peut arriver que plusieurs Banshee se réunissent pour hurler, présageant alors une grande catastrophe ou la mort d'un personnage important.

    La banshee joue parfois le rôle d'esprit protecteur de la famille ; elle peut ainsi écarter les coups mortels ou veiller sur un tout jeune héritier. Il est de plus à noter que si le clan déménage dans un autre pays, la banshee le suit.

    Entendre le keening d'une banshee voulait donc dire qu'un membre de sa famille allait mourir ; au fil du temps, cette légende a sensiblement changé : ainsi, c'est le plus souvent la personne qui entend ou voit la banshee qui se sait condamné à une mort certaine - dans un très proche avenir...


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  • La Main de Gloire est une amulette fort appréciée des voleurs. En effet, elle possède la capacité, une fois allumée, d'endormir les individus à proximité et d'en rendre  le possesseur invisible.


    La Main de Gloire




    La fabrication d'une Main de Gloire est finalement assez simple, puisqu'elle ne demande aucun pouvoir magique - juste une main de pendu et quelques ingrédients plutôt étranges. Simple, je vous dis...
    Si vous vous sentez l'âme d'un voleur, voici la recette, tirée du Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy :

    Cette main de gloire est la main d'un pendu, qu'on prépare de la sorte : on l'enveloppe dans un morceau de drap mortuaire, en la pressant bien, pour lui faire rendre le peu de sang qui pourrait y être resté ; puis on la met dans un vase de terre, avec du sel, du salpêtre, du zimat et du poivre long, le tout bien pulvérisé. On la laisse dans ce pot l'espace de quinze jours ; après quoi on l'expose au grand soleil de la canicule, jusqu'à ce qu'elle soit bien desséchée ; et si le soleil ne suffit pas, on la met dans un four chauffé avec de la fougère et de la verveine.

    On compose ensuite une espèce de chandelle, avec de la graisse de pendu, de la cire vierge, du sésame de Laponie ; et on se sert de la main de gloire comme d'un chandelier pour tenir cette merveilleuse chandelle allumée. Dans tous les lieux où l'on va avec ce funeste instrument, ceux qui y sont demeurent immobiles, et ne peuvent plus remuer que s'ils étaient morts.

    Les moyens de se prémunir contre ce genre d'amulette est de verser du lait sur le seuil de sa maison - ou bien du sang ou de l'eau bénite, selon les versions. Mais le meilleur reste de frotter le seuil avec un onguent composé de fiel de chat noir, de graisse de poule blanche et de sang de chouette, le tout mêlé par temps de canicule. (Et une simple serrure ne suffirait pas, me direz-vous, plein de mépris pour les crédules qui frottent leur palier avec tout et n'importe quoi. Hé non, petits malins, la Main de Gloire permet de pénétrer en toute impunité n'importe où...)

    Il ne vous reste plus qu'à trouver un pendu près de chez vous, et vous pourrez faire une carrière digne d'un Arsène Lupin !


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