• Comme tous les fedeylins, petits êtres ailés vivant au bord d'une mare qui constitue leur monde, Cahyl éclot sur un nénuphar. Comme tous les fedeylins, il doit braver la noyde et de dangereux poissons avant d'atteindre le rivage. Comme tous les survivants de cette première épreuve, Cahyl se présente devant les Pères Fondateurs, avide de connaître la caste choisie pour lui et l'avenir tout tracé qui l'attend.
    Mais Cahyl est différent : il lui manque la marque qui le lierait à son destin. Son existence même fait trembler les bases de sa société et cela, tout le monde n'est pas prêt à l'accepter.


    Fedeylins / Nadia Coste



    Un roman tout en délicatesse qui, par petites touches, nous parle de différence et de notre place dans notre société.
    On suit Cahyl dès son existence dans sa petite bulle, puis tout au long de sa vie. Par ses yeux nous sont dévoilés les rouages de la société des fedeylins, petits êtres ailés proches de la nature, vivant au bord d'une mare qui constitue tout leur univers. Les saisons qui passent rythment l'histoire, nous emportant tranquillement avec, dans un monde simple et délicat.

    Tout est décrit par le biais de légendes ou de faits vécus par Cahyl : le mode de vie, les longs mois passés à l'abris du froid, les tâches de tous les jours, les cérémonies pour marquer les passages au stade larveyrin - la naissance -, mudeylin puis fedeylin, la méfiance envers les gorderives - sortes de batraciens vivant de l'autre côté de la mare... Toutes ces informations arrivent au fur et à mesure de l'histoire, avec naturel, sans explications trop brèves ou trop longues. On se laisse emporter dans ce monde minuscule et dont on se sent tellement proche.

    Un monde où tout le monde a sa place et s'en satisfait, sauf Cahyl. Né sans marque - terrible chose puisque la marque indique à chacun son destin et sa place dans la communauté - il est en outre affligé d'une trop grande empathie qui lui fait entendre les pensées de ses camarades.
    Dans ce monde sans heurt, Cahyl tente de cacher sa différence, s'interroge sur lui, sur son peuple - doit-il vraiment vénérer autant les Pères Fondateurs, eux qui ne sont même pas rendu compte de son anomalie ? - et ne redevient lui-même qu'en présence de son seul ami : Glark, un... gorderive, créature avec laquelle jamais on ne fraternise...

    C'est beau et c'est fluide, l'auteur arrive à nous faire croire à ces petits êtres, à leur combat quotidien pour la survie. Les notions de communauté, d'amitié et de partage sont largement mises en avant - mais également la xénophobie, la cruauté et la lâcheté.

    Un beau roman qui met l'eau à la bouche - trois autres tomes sont à venir - et qu'on referme l'esprit serein, mais en même temps impatient de savoir ce que deviennent Cahyl, Glark, et les autres personnages.




    Pour aller plus loin, voici le blog du roman et celui de l'auteur.

    Fedeylins
    Nadia Coste
    Editions Gründ
    18 €


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  • J'hésite encore entre remercier ou maudire l'amie qui m'a fait découvrir ce blog. Depuis hier soir, je surfe dessus, oscillant entre plaisir de la re-découverte et nostalgie poignante.

    Coup de vieux est un blog qui nous rappelle tout ces petites choses du quotidien qui existaient dans les années 70-90 : Fido Dido, les Pogs, Lucie la Luciole, les Musclés... Ou comment bien filer le cafard à toute une génération de trentenaire dynamiques. Perso, j'ai eu l'impression que les années se sont accumulées sans que je ne m'en aperçoive...


    coup de vieux


    Envie d'une bonne dose de nostalgie en compagnie des Mini Keums, Napster, Magic Light et autre trucs de "vieux" ?
    Un incontournable, vraiment.


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  • Un soir comme tant d'autres en Ecosse... Une famille de nobles dîne.  Le seigneur et sa famille, plus les domestiques de sa maisonnée. Les flammes crépitent, piquant contraste avec le froid qui règnent à l'extérieur. Atmosphère sereine des fins de soirées. Soudain, un cri s'élève sur la lande, atroce, monte et tourbillonne dans des aigus insoutenables.
    Dans un grand fracas de chaises, tout le monde s'est levé. Pâles, les domestiques murmurent des prières, tandis que la femme du seigneur étreint farouchement ses enfants. Sur toutes les lèvres, une question muette : pour qui crie la banshee ? Qui est condamné à une mort inéluctable ?


    Le keening de la banshee




    La banshee est une fée crainte et révérée, attachée à des clans écossais ou irlandais, et qui apparaît pour annoncer en hurlant le décès d'un membre de la famille à laquelle elle est liée. Vêtue d'un manteau vert et d'un robe blanche, ses cheveux sont hirsutes et ses yeux rouges d'avoir trop pleuré. Elle est généralement représentée comme une jeune fille, ou, à l'inverse, comme une vieille femme. Elle peut également se tranformer en corbeau, en roitelet ou en rouge-gorge.

    Son cri - le keening - est terrifiant : il tient tout à la fois du hurlement du loup, des pleurs d'un enfant, du cri d'une oie sauvage et des plaintes d'une femme prête à accoucher. il est en outre si puissant qu'il réveille les dormeurs et peut se faire entendre par-dessus la plus forte des tempêtes. Il est plus ou moins strident selon que la mort annoncée sera douloureuse ou non... Par ce cri, la banshee condense tout le désespoir de la famille endeuillée.
    Il peut arriver que plusieurs Banshee se réunissent pour hurler, présageant alors une grande catastrophe ou la mort d'un personnage important.

    La banshee joue parfois le rôle d'esprit protecteur de la famille ; elle peut ainsi écarter les coups mortels ou veiller sur un tout jeune héritier. Il est de plus à noter que si le clan déménage dans un autre pays, la banshee le suit.

    Entendre le keening d'une banshee voulait donc dire qu'un membre de sa famille allait mourir ; au fil du temps, cette légende a sensiblement changé : ainsi, c'est le plus souvent la personne qui entend ou voit la banshee qui se sait condamné à une mort certaine - dans un très proche avenir...


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  • Chloé Saunders n'est pas comme les autres. Elle voit des fantômes... et ils ont des choses à lui dire.
    Chloé rêve d'avoir une vie normale. Mais avec les fantômes qui la traquent sans cesse, c'est impossible. Si elle était un personnage de film, on la croirait quand elle avoue qu'elle voit des fantômes.
    Dans la vraie vie, elle est envoyée à Lyle House, un institut psychiatrique spécialisé pour ados.
    Les pensionnaires ont l'air de cacher eux aussi quelques secrets et Chloé ne serait pas étonnée de trouver des squelettes cachés dans les placards.


    Pouvoirs obscurs / Kelley Armstrong




    Bon, autant envoyer le négatif dès le départ : la couverture de ce roman est immonde et n'a absolument rien à voir avec le contenu, c'est vraiment à pleurer quand on connaît l'histoire, ça donne juste envie de repeindre toutes les couv' en blanc et de s'excuser pour les éditeurs.  Je vais m'arreter là, j'en connais qui seraient prêts à me balancer par la fenêtre dès que je me lance dans une gueulante.

    J'ai aimé ce roman, qui n'a d'autre prétention que de vous faire frissonner avec l'héroïne, de chercher la vérité avec elle. Un roman où vous plongez dans l'histoire et êtes tenu en haleine tout du long, jusqu'au dénouement qui vous laissera frustrés, en attendant le prochain tome.
    Quelques bons petits passages gores parsèment le récit - j'ai beaucoup aimé la scène où Chloé réveille accidentellement des cadavres.

    Seule contre tous, Chloé doute, et se demande si elle ne vire pas schizophrène... Mais peu à peu, avec l'aide des quelques amis qu'elle s'est fait dans l'hôpital - et notamment le mystérieux Derek, à la fois odieux et protecteur - elle en vient à douter, puis à accepter son étrange pouvoir. Viennent se greffer là-dessus un sombre complot, des secrets cachés, et le récit rebondit et nous tient en haleine jusqu'à la fin.

    Un roman divertissant, en somme, avec une intrigue parfois cousue de fils blancs, mais on ne s'ennuie pas, on a envie de connaître la suite, et là est l'essentiel.


    Pouvoirs Obscurs
    Kelley Armstrong
    Castelmore
    12,90€


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  • Après la mode des sorciers (bonjour Harry, Tara et autre enfants à baguettes), des vampires (mords-moi si tu peux...), les éditeurs jeunesse se sont tournés vers une nouvelle marotte : la dystopie (ah oui, me direz-vous d'un air fort inspiré...)

    Perso, j'adore ce genre, du coup j'ai lu une des nouveautés qu'on a eu et... J'en ai sauté d'indignation au plafond. Ca, de la dystopie ?... Mais n'importe quoi ! Alors c'est ça, le truc ? On prend un mot que personne ne connaît trop, mais qui sonne bien, et on fourre tout ce qu'on peut dedans ?


    C'est bien beau de s'énerver, mais en fait ça veut dire quoi, ce mot ?


    La dystopie - aussi appelée anti-utopie ou contre-utopie - est le contraire de l'utopie. Cette forme littéraire est surtout utilisée en science-fiction.

    L'utopie décrit une société parfaite et égalitaire, où tout le monde est heureux. La dystopie nous décrit au contraire une société qui opprime les gens, par des biais militaires, scientifiques ou psychologiques. Les auteurs de tels ouvrages dénoncent les régimes totalitaires, qui empêchent toute idée de liberté individuelle afin de mieux contrôler les citoyens.


    Ca a l'air un peu chiant, non ?


    Mais pas du tout ! Ca parle de révolte et de liberté, et ça fait réfléchir !
    En règle général, ces récits nous présentent des individus isolés qui s'interrogent et finissent par s'opposer, avec plus ou moins de bonheur, à la société terrifiante dont  ils font partis. Cela soulève d'ailleurs un point intéressant : sont-ce ces sociétés qui sont mauvaises, ou est-ce que les individus à travers lesquels on voit ces sociétés ne seraient que des gens marginaux et inadaptés ? Personnellement, j'aurai plutôt tendance à penser que tant qu'on les laisse tranquilles, la majorité des citoyens tendent à ne pas réagir, et à fermer les yeux sur ce qui pourraient les déranger. ("Panem et circenses", comme on disait dans l'Antiquité romaine...)



    Dystopie : si on vous supprime toute liberté, c'est pour votre bien.



    Pour de tels régimes, tous les moyens sont bons pour brider les libertés : les dirigeants accentuent le côté sécuritaire qui permet ainsi de pénéter au coeur de l'intimité des gens, sans leur laisser le choix, ou plutôt, en leur laissant l'illusion d'un choix : c'est pour leur bien qu'ils sont surveillés nuit et jour, c'est pour leur bien si on les conduits comme des enfants... La dystopie est effrayante dans le fait qu'elle se passe toujours dans un futur plausible et proche de nous.


    Quelques exemples, pour creuser un peu plus ?


    C'est demandé si gentiment... Les dystopies foisonnent autours de nous, je fournirais donc une liste d'oeuvres que je connais et apprécie (pour plus de clarté, les résumés sont repris de notre ami le wiki)

    - Livres :

    1984, George Orwell
    Ce roman décrit un monde divisé en trois blocs totalitaires. L'individu, ses activités, ses pensées, y sont intégralement soumis à une raison d'Etat omniprésente et motivée par un état de guerre perpétuel.

    Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley
    Toute valeur morale est remplacée par l'économie. La science est au service du conditionnement des hommes. Mais tout ce qui est imaginaire renvoie à l'univers de référence du lecteur (électrochocs, montée du nazisme). La contre-utopie est planétaire.

    Fahrenheit 451, Ray Bradbury
    Dans le futur décrit par Bradbury, les pompiers brûlent les livres, les gens sont invités à dénoncer leurs voisins, leurs amis et même leurs parents lorsqu'ils les surprennent à lire. Un roman qui dénonce l'inculture à travers l'exemple marquant de l'autodafé.

    Les Monades Urbaines, Robert Silverberg
    Une utopie principalement axée sur la procréation obligatoire et la libération sexuelle la plus complète à rapprocher de celle de Huxley.

    La Zone du Dehors, Alain Damasio
    Huis clos planétaire et science-fiction politique, une auto-régulation des individus par la surveillance et la notation mutuelle

    - Livres Jeunesse :

    Hunger Games, Suzanne Collins
    Dans un futur sombre, sur les ruines des Etats-Unis, un jeu télévisé est crée pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix.

    Uglies, Scott Westerfeld
    Le monde décrit est régit par le principe de l'extrême beauté. Chacun, à l'âge de seize ans, ″ bénéficie ″ d'une opération de chirurgie esthétique qui lui permet de rejoindre le peuple des Pretties, aussi beaux et semblables qu'égoïstes et insouciants.

    La Brigade de l'Oeil, Guillaume Guéraud
    Depuis la loi Bradbury de novembre 2017, le simple fait de posséder une photographie condamne à la cécité. Les agents de la Brigade de l'oeil sont partout. Ils brûlent les images, traquent les "terroristes"

    - Films :

    Battle Royal, Kinji Fukasaku
    Dans un Japon futuriste, les adultes redoutent les adolescents japonais, enclins à la violence et à la désobéissance. D'où le vote de la loi Battle Royale. Le principe de ce « jeu » est très simple :Une classe de troisième, tirée au sort, est envoyée chaque année lors du traditionnel voyage scolaire dans un lieu isolé (une île en l'occurrence), sur lequel les élèves doivent s'entretuer, et ce durant trois jours. Il ne doit rester qu'un survivant - faute de quoi les colliers dont sont munis les joueurs explosent -, qui pourra rentrer chez lui à l'issue du jeu.

    Bienvenue à Gattaca, Andrew Niccol
    Dans un monde futur bâti sur l'eugénisme, on peut choisir le code génétique des enfants. Gattaca est un centre d'études et de recherches spatiales pour des gens au patrimoine génétique impeccable. Jérôme, candidat génétiquement idéal, voit sa vie détruite par un accident tandis que Vincent, enfant naturel, donc au capital génétique « imparfait », rêve de partir pour l'espace. Chacun des deux va permettre à l'autre d'obtenir ce qu'il souhaite en déjouant les lois de Gattaca.

    Minority report, Steven Spielberg
    En 2054, la ville de Washington a réussi à éradiquer la criminalité. Grâce aux visions du futur fournies par trois individus précognitifs, les agents de Précrime peuvent écrouer les criminels juste avant qu’ils n'aient commis leurs méfaits. Mais un jour, l’agent John Anderton reçoit des précogs une vision le concernant : dans moins de 36 heures, il aura assassiné un homme qu’il ne connaît pas encore et pour une raison qu’il ignore. Choqué, il prend alors la fuite, poursuivi par ses propres coéquipiers qui ont pour mission de l’arrêter conformément au système...

    V pour Vendetta, James MC Teigue
    L'action se situe à Londres dans une société dystopique, où un combattant de la liberté se faisant appeler « V » cherche à mettre en place un changement politique et social en menant une violente vendetta personnelle contre le gouvernement fasciste en place.


    Tout ça ? Eh ben...

    Et encore, j'en ai mis de côté, et j'en ai sûrement oublié plein ^^'

    J'espère que vous aurez trouvé cela intéressant, que vous aurez envie d'explorer ces univers, sinon... Tant pis ! cela m'aura permis de me replonger avec bonheur dans ces oeuvres que j'aime follement.



    Aucun extrémiste de quel que bord que ce soit n'a été maltraité lors de la rédaction de cet article.


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