• Né lors d'une traversée, Novecento, à trente ans, n'a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l'Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d'un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui : la musique de l'Océan dont l'écho se répand dans tous les ports.

    Sous la forme d'un monologue poétique, Baricco allie l'enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.




    Novecento, pianiste / Alessandro Baricco




    Très court roman - moins d'une centaine de pages - qui est, à la base, un monologue écrit pour le théatre. Cela se ressent dans le rythme des phrases, des pauses. Il n'y a qu'à fermer les yeux pour imaginer l'acteur déclamant ce texte.

    L'histoiire est raconté par un trompettiste un rien gouailleur, au parler franc et attanchant, engagé sur le Virginian pour jouer du jazz, et qui devient ami avec Novecento - fasciné par son génie et son mystère.

    il nous conte donc la vie de ce pianiste de génie, trouvé tout bébé sur le Virginan par un machiniste qui le baptisa Danny Boodmann T. D. Lemon Novecento, et qui jamais ne descendit à terre. Il jouait une musique comme personne avant n'en avait entendu, une musique superbe. Le narrateur nous parle de Novecento comme d'une légende, quelqu'un qui ne peut être touché, trop loin des autres pour cela.

    Le récit fulgure et nous emporte, vif comme une fugue, avec des passages splendides comme le duel de musique, ou lorsque Novecento fait danser un piano en pleine tempête. Des métaphores sublimes, et aussi un sacré paquet de tristesse - car toute la gouaille du narrateur ne peut cacher cette immense impression de perte, cette amitié qui n'est plus qu'un souvenir - réconfortant et déchirant à la fois comme tous les souvenirs le sont.

    C'est à vivre, c'est à lire comme on écoute une musique belle et intense qui nous emporte.


    Novecento, pianiste
    Alessandro Baricco
    Editions Gallimard
    Collection Folio
    4,80 €

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  • Evocations tranchantes d'un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants...
    Ces nouvelles disent violemment la Femme dans son désir ou son refus du désir, dans ses colères, ses hontes inavouées, ses excès d'amour ou sa folie meurtrière. La Femme blessée, humiliée, ou bien vengeresse et autodestructrice.

    La Femme humaine... Trop humaine ?



    Mordre au travers / Virginie Despentes




    Ce que l'on peut déjà dire des romans de Virginie Despentes, c'est qu'ils décoiffent. Elle nous y montre toujours la vie sous son côté le plus noir et le plus misérable. Les situations crédibles, les personnages toujours à fleur de peau rajoutent à l'horreur lors de la lecture, car elle prouve que la réalité pour certains c'est ça : de la rage, du désespoir, et aucun moyen pour s'en sortir.

    Les onze nouvelles présentes dans ce recueil sont toutes aussi violentes que ses précédents romans. Aucune complaisance, pas de situations faciles, pas de grosses ficelles. Au contraire, des gens qui souffrent, victimes ordinaires de la société - RMIstes, femme trop grosse pour les canons de beauté actuels, etc - et qui réagissent avec plus ou moins de violence, sans jamais vaincre.

    Autant vous prévenir : aucune de ces histoires ne finit bien, ni mal d'ailleurs. Tranches de vie.

    Une écriture nerveuse, bancale, qui retranscrit si bien les sentiments de ses personnages...

    Des histoires trash, qui heurtent la sensibilité.


    Mordre au travers
    Virginie Despentes
    Editions Librio
    2 €

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  • "Introduit dans le cercle privilégié d'une université du Vermont, un jeune boursier californien s'intègre peu à peu à un petit groupe d'étudiants de la grande bourgeoisie. Il découvre un monde insoupçonné de luxe, d'arrogance intellectuelle et de sophistication, en même temps que l'alcool, la drogue et d'étranges pratiques sataniques. Très vite, il pressent qu'on lui cache quelque chose de terrible et d'inavouable, un meurtre sauvage et gratuit qui l'entraîne, lui et ses camarades, dans un abîme de chantage, de trahison et de cruauté."


    Le Maître des Illusions / Dona Tartt




    Je me suis plongée dans ce roman à reculons - je n'aime pas trop les livres policiers - mais une fois la lecture entamée, impossible de le lâcher !
    Plus que l'affaire (le meurtre est exposé dès les premières pages), l'auteur nous présente ici des étudiants qui possèdent "un sang froid, un charme maniéré et cruel qui, pas du tout moderne, présentait l'étrange parfum glacé de l'ancien monde".
    Au-delà du mystère, au-delà des meurtres, c'est la vie de ces jeunes gens qui nous est narrée ici, avec toute la cruauté de la jeunesse.

    Le style de Donna Tartt est parfaitement maîtrisé ; on ressent une atmosphère lourde et pesante, chargée de non-dits, des images qui s'imposent à nos esprits - quasiment comme des scènes de cinéma . Les personnages, glaçants, fascinent pourtant au plus haut point par leur singularité et leur superbe indifférence.

    En bref, un livre magistral et extrêment bien maîtrisé...


    Le maître des illusions
    Donna Tartt
    Editions Pocket
    8.40 €

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