• Est-ce que c'est toujours compliqué, l'adolescence ?

    Est-ce que c'est toujours maladroit, un papa ?

    Vincent, déménageur divorcé, est une montagne de muscles dotée d'un mental de roc. Mais lorsque son ex-femme lui annonce que leur fille unique de seize ans a tenté de se suicider, le colosse s'effondre. Puis se relève, avec une idée fixe : montrer à sa fille que la vie vaut le coup d'être vécue. Mais comment ?


    La fille du déménageur / Caroline Vermalle




    Hachette Jeunesse lance une nouvelle collection pour les jeunes adultes : Black Moon Nouvelles. L'idée est audacieuse et séduisante, et je croise les doigts pour que cette collection trouve son public. Cela m'a permis de découvrir un nouvel auteur grâce à ce petit recueil composé de deux nouvelles.

    La fille du déménageur

    Comment redonner goût à la vie à sa fille suicidaire ? Surtout quand on est un papa divorcé et peu causant ? De conversations avec son entourage en fouilles sur Internet, Vincent le taiseux va imaginer une idée magique, merveilleuse...

    Le dernier tour :

    A la nuit tombée, par delà les années et les pièges de la vie, un père et son fils se retrouvent autour d'un vieux manège pour une conversation toute en pudeur et en émotions...



    L'écriture de ces deux nouvelles est lumineuse et douce. J'ai aimé ce papa taciturne et maladroit, touchant dans son désir de redonner le sourire à sa fille. Je croyais deviner la fin, du coup le petit retournement final n'en a été que plus agréable... Quant à la deuxième nouvelle, elle distille une puissance impression de nostalgie, un chagrin que les années n'arrivent pas à effacer... Très intense.

    Au final, une belle découverte, qui me donne envie de lire d'autres romans de Caroline Vermalle.

    La fille du déménageur
    Editions Hachette Jeunesse
    Collection Black Moon Nouvelles
    5.90€


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  • Il faut que je vous dise...
    J'aimerai annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux.
    Je ne suis qu'un morceau du gâteau, même pas la cerise. Je suis un bout du tout, un quart de ma famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l'enfance, et mes racines même coupées.

    Tandis que ma frangine découvrait

    Le monde
    Le cruel
    Le normal
    Et la guerre,

    ma mère et ma mère, chacune pour soi mais ensemble, vivaient de leur côté des heures délicates.

    C'est à moi qu'il revient de conter nos quatre chemins.

    Comment comprendre, sinon ?


    Frangine / Marion Brunet




    Joachim et Pauline sont frère et sœur. Ils s'adorent et se chamaillent, et savent pouvoir toujours compter l'un sur l'autre. Leur vie s'écoule, au milieu d'une famille pleine d'amour...
    Tandis que Joachim entre en terminale, Pauline, en seconde, découvre le lycée, sans savoir que de longs mois de cauchemars et de harcèlements l'attendent. Car toute différence est souvent pointée du doigt au lycée, or Joachim et Pauline ont deux mamans, Maline et Julie.

    J'ai pas fait de détails : le premier connard qui m'a dit "Hey, ta mère elle est gouine ! ", je l'ai chopé et je lui ai répondu "Des mères j'en ai deux, elles sont gouines et je t'emmerde".

    Si Joachim a su dès le plus jeune âge comment régler la question grâce à son bagout, Pauline, plus douce et naïve, quitte le "monde des Bisounours" avec fracas et subit les moqueries sans savoir comment réagir. Dépression, repli sur soi... Quand son frère s'en aperçoit, il est quasiment trop tard, mais la jeune fille trouvera finalement le moyen de stopper le harcèlement dont elle est la victime.

    De septembre à janvier, de gros chamboulements attendent chacun des membres de cette heureuse petite famille. Entre Maline qui se tâte pour quitter son boulot, Julie souhaitant revoir sa mère qui n'a jamais voulu rencontrer ses petits-enfants et Joachim qui tente de décrypter la psychologie féminie dans les bras de sa petite amie, l'ambiance pourrait être souvent morose. Mais le ton de ce roman reste léger - Joachim est le narrateur, à la fois acteur et spectateur, portant sur ces tranches de vies un regard grave et léger à la fois, sur un ton plein de vivacité qui ne manque pas d'humour.

    "Et quand elle baise votre mère, elle fait l'homme ou la femme ?"
    Pauline a tendu le bras devant moi pour m'arrêter dans mon élan. C'est elle qui a parlé.
    "Et la tienne, elle est plutôt levrette ou sodomie ?"

    Tout le roman est traversé par un formidable élan d'amour : l'amour fraternel que Joachim et Pauline se portent, l'amour qui unit Maline et Julie, mais aussi tous ces liens avec les autres personnages, qui apportent leur force et leur soutien inconditionnels à cette famille si soudée.
    L'homophobie est abordée avec justesse - les filles qui ne veulent pas que Pauline les approche sous prétexte que ses mamans sont lesbiennes, certains professeurs ou parents d'élèves qui tiquent...

    Un roman bien dans l'air du temps, qui rappelle avec justesse que chaque famille est différente, et que non, l'homosexualité n'est pas une maladie, non ce n'est pas contagieux, non ce ne sont pas des gens désaxés ou pervers. Pour preuve cette famille avec leurs fous-rires, leurs engueulades, leurs petits moments quotidiens...

    Famille homoparentale, et alors ?

    Une famille parmi tant d'autre.

    Une famille qui s'aime, avant tout.


    Quand on a une vie différente, on prend ces risques-là : rejets, ruptures, critiques. On peut regretter, se cacher dans un trou. Ou alors on décide d'être bien, on se bat et on mène la vie qu'on veut, la vie comme on l'aime.


    Frangine
    Marion Brunet
    Éditions Sarbacane
    Collection Exprim
    14,90€


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  • Lola Frizmuth, dix-huit ans, un charisme hors normes et un physique de rêve, décide de fuguer vers le Japon, quelques semaines avant de passer le bac, pour retrouver Tristan, son âme soeur... Et la voilà embringuée dans une histoire trop "chelou". Dans l'avion, un gangster japonais échange la carte SIM de son portable, truffée d'infos top secret, avec celle de Lola. Résultat : arrivée à Tokyo, Lola, qui ne connaît pas un mot de japonais, n'a plus un seul contact dans son téléphone. Des types armés en costume rayé la talonnent. Et Tristan est dans les bras d'une autre...

    De la répartie, pas mal d'autodérision et une bonne dose d'inconscience, Lola Firzmuth ne passe pas inaperçue et c'est pour ça qu'on l'aime.


    Où est passée Lola Frizmuth ? / Aurélie Gerlach





    Vous avec le cœur en berne avec toute la grisaille qui vous environne, et l'esprit lassé de toute cette pluie de novembre ? Lisez donc ce roman, et embarquez pour deux heures d'actions et de fous-rires.

    Lola est une bombasse, Lola possède une volonté de fer, Lola est débrouillarde, mais... Lola est hyper naïve et insouciante - une vraie tête de moineau ! - et s'intéresse plutôt à ses fringues et à son téléphone pailleté qu'au monde qui l'entoure. La jeune fille se balade  comme une fleur à travers l'histoire, entraînant à sa suite des yakusas, un malfrat japonais qui rêve de prendre sa retraite, un papa teuton bedonnant armé d'une mitraillette, et un jeune stagiaire de l'ambassade de France un peu coincé mais tout à fait charmant. Elle chamboule tout sur son passage sans même s'en rendre compte, laissant aux autres le soin de réparer les pots cassés. On aurait presque envie de lui mettre des baffes dans son joli petit minois, si elle n'était pas aussi spontanée et naturelle. Et du coup, on rit et on s'attendrit aux situations rocambolesques qu'elle provoque bien malgré elle.

    L'histoire est invraisemblable et les rebondissements tous plus ahurissants les uns que les autres ? Qu'importe, le style vif et léger de l'auteur et son humour nous font rire du bout en bout. L'histoire est surtout un prétexte pour nous faire passer un bon moment, et c'est réussi. Les chapitres sont racontés par les différents personnages qui ont le malheur de croiser la route de Lola, et on en vient à se dire qu'une fille comme ça, il ne faut pas la lâcher des yeux plus de deux minutes, sous peine d'une future nouvelle catastrophe...

    "La môme prend un air suppliant et bat des cils, tout en se balançant de droite à gauche. Elle sait y faire, la maligne. A partir de là, c'est piece of cake : elle va lui faire faire ce qu'elle veut. Contrairement à ce que pense Fukuda, Lola Frizmuth n'a jamais frayé avec la pègre, de près ou de loin. pourtant, elle s'y connaît dans l'art de manipuler les gens. Si cette fille était vraiment une garce, elle serait capable de mettre tout Tokyo à ses pieds."

    Les échanges sms qui s'intègrent entre chaque chapitre valent eux aussi leur pesant de cacahuètes...

    De : Tristan
    A : Lionel
    lé sanglo lon dé violon de l'otone, bless mon keur d'1 langueur monoton.
    Tou sufocan et blem qd sonn l'heur, je me souvien dé jour ancien é j pleur.

    De : Lionel
    A : Tristan
    Lola est absente et ceci n'est pas son portable. Merci d'utiliser d'autres moyens de communication. Cordialement, Lionel B. de Rousselles. PS : vu qu'on est au mois de mai, je conseille l'utilisation de poèmes ayant trait au printemps, plutôt qu'à l'automne.

    De : Tristan
    A : Lionel
    jen trouv pa sur google. Ta pa une idé ?

    De : Lionel
    A : Tristan
    Non. Au revoir.

    Les personnages sont tous plus savoureux les uns que les autres - mention spéciale pour le papa, et pour la sœur hystérique qui la couvre auprès de leur maman éplorée - et ont chacun leur point de vue sur Lola. Avec cette question récurrente : Mais où est-elle encore passée ?

    C'est dynamique, bourré d'action, drôle - je sais, je me répète, mais j'ai vraiment passé un bon moment avec ce livre. C'est vraiment le roman à lire en ce moment pour se mettre du peps et de la bonne humeur en tête !


    Où est passée Lola Frizmuth ?
    Aurélie Gerlach
    Editions Gallimard Jeunesse
    Collection Scripto
    12.20€


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  • Vous ne pouvez pas la voir mais cette guerre est partout autour de vous.

    En vous. Au plus profond de votre chair.

    Et elle n'a que deux issues possibles : la victoire ou la folie.
     

     

    BZRK / Michael grant





    Michael Grant est l'auteur de l'excellente série pour adolescent Gone. Il se lance dans une nouvelle saga de science fiction - que j'attendais avec impatience. Alors, après lecture, ça donne quoi ?

    Soyons clairs : BZRK est destiné à un public plus âgé que celui de Gone. Dès le deuxième chapitre, on assiste à un attentat - un jet qui s'écrase sur un stade de foot - avec tous les détails sordides à la clef : bouts de cervelle projetés dans un verre de soda, corps qui flambent... le ton est donné.

    Dans un futur proche, deux grands groupes se font la guerre à l'échelle mondiale et... microscopique. La Amstrong Compagnie prône un control total de l'humain : des êtres idéaux, sains de corps et sans libres arbitre. En face, BZRK milite pour des humains imparfaits, mais libres de faire leurs choix et leurs erreurs.

    Le terrain de leurs affrontements ? Le cerveau des puissants de ce monde, où les combats se font à l'échelle de l'infiniment petit.

    Leurs armes ? Pour la Amstrong, des nanorobots surpuissants, fruits des techniques scientifiques les plus pointues. Pour BZRK des biobots, en symbiose totale avec leurs propriétaires, crées à partir de leurs cellules.

    Les protagonistes ? De jeunes adultes, prêts à tout pour atteindre leur but... Jusqu'au meurtre ou à la démence.

    Les nanotechnologies, thème central de l'histoire, sont extrèment bien expliquées : les nanorobots sont quasiment indestructibles, et on peut les envoyer par armées entières, mais se contrôlent uniquement via des ordinateurs. Les biobots, de leur côté, sont liés à leur propriétaire - qui voient ce que perçoit la minuscule bestiole. Mais si le biobot meurt, son possesseur est irrémédiablement plongé dans la folie.

    Malgrès un thème très scientifique, ce premier tome se lit d'une traite grâce à une écriture fluide et à des rebondissements omniprésents. Entre combats des rues et affrontements au plus profond de nos cellules, Michael Grant tisse une intrigue qui nous tient en haleine jusqu'au bout de l'histoire.


    BZRK
    Michael Grant
    Gallimard Jeunesse
    18,90 €


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  • Ignace Bronchon est sans doute le plus grincheux des auteurs de séries pour enfants. Lui qui n'a pas écrit une ligne depuis vingt ans espère terminer le treizième volume de sa série dans la vieille demeure victorienne du 43, rue du Vieux Cimetière qu'il a louée pour l'été.

    Mais il découvre horrifié qu'il doit co-habiter avec Les ter, le fils des propriétaires, et - bien qu'il ait quelques difficultés à l'admettre - avec Adèle Vranstock, l'ancienne propriétaire.

    ou plus exactement, avec le fantôme d'Adèle...


    43 rue du Vieux Cimetière / Kate & Sara Klise




    Voici un délicieux roman destiné aux 8-9 ans, au ton espiègle et tendre. Les personnages m'ont beaucoup fait rire - les bisbilles entre l'écrivain irascible et le gamin impertinent sont irrésistibles. Sans oublier Adèle, fantôme de son état, et qui cache sous une allure digne un cœur gros comme ça.
    Un léger voile de tristesse recouvre le tout quand on en apprend plus sur leurs histoires respectives - Pourquoi Ignace n'écrit-il plus depuis vingt ans ? Où sont les parents de Lester ? - mais le gros happy end de la fin nous redonne rapidement le sourire.

    L'originalité de ce roman tient à sa forme épistolaire. On suit l'histoire à travers les lettres que s'envoient les personnages, les coupures de journaux... Cela donne une impression de joyeux fouillis, renforcée par les différentes typographies utilisées et les illustrations un peu brouillonnes.
    Et en bonus, un mini dossier nous explique à la fin de manière ludique l'architecture victorienne ! Du coup j'ai appris pleins de petits détails sur ce style...

    Ça me donnerait presque envie d'investir dans une vieille bicoque, pour entendre le piano jouer tout seul le soir...

    43, rue du Vieux Cimetière
    1/ Trépassez votre chemin
    Kate & Sara Klise
    Editions Albin Michel Jeunesse
    Collection Witty
    8,50 €


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