• Ce n'est plus moi qui t'offrirai des friandises
    Mais dans ta mémoire, j'ai placé d'autres gourmandises
    Mange la vie
    Mords dedans

    Moi, j'ai laissé mon âme au vent
    Je me sens plus léger maintenant
    Je peux à chaque instant voyager
    Partir, revenir, c'est amusant

    Tu ne peux pas m'attraper
    Tu ne peux pas me tenir
    Mais si tu fermes les yeux
    Tu peux toujours me sentir


    j'ai laissé mon ame au vent


    J'ai fait lire cet album à trois collègues. La première a pleuré et m'a insultée (mais elle est enceinte et très émotive en ce moment), les deux autres ont eu les yeux tout rouges. Et moi ? Non, moi je suis une grande fille, je n'ai pas pleuré. Non, pas du tout...

    ...

    Bon, ok, j'ai eu la gorge toute nouée, ça vous va ?

    Magnifiquement servi par les illustration de Puybaret, le texte est un long poème qu'un homme décédé dédie à son petit-fils. Comme une main affectueuse posée sur l'épaule de l'enfant, une présence attentive même si invisible, et cette demande de continuer à vivre et s'amuser, malgré l'absence, malgré tout.
    C'est bouleversant et sensible, et la musicalité des phrases fait que l'on a l'impression d'entendre une chanson, doucement fredonnée - cette phrase "moi, j'ai laissé mon âme au vent", qui sonne comme un refrain...

    Pour aider l'enfant à faire son deuil, ou s'émouvoir devant un si beau texte, pour le murmurer, encore et encore, pour s'en imprégner jusqu'au plus profond de son cœur...


    Il y aura encore des sourires
    Sur tes lèvres sur tes joues
    Et des étoiles qui s'illuminent
    Malgré la vie semée de petits cailloux


    J'ai laissé mon âme au vent
    Roxane Galliez & Eric Puybaret
    de la Martinière Jeunesse
    14.50€


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  • Est-ce que c'est toujours compliqué, l'adolescence ?

    Est-ce que c'est toujours maladroit, un papa ?

    Vincent, déménageur divorcé, est une montagne de muscles dotée d'un mental de roc. Mais lorsque son ex-femme lui annonce que leur fille unique de seize ans a tenté de se suicider, le colosse s'effondre. Puis se relève, avec une idée fixe : montrer à sa fille que la vie vaut le coup d'être vécue. Mais comment ?


    La fille du déménageur / Caroline Vermalle




    Hachette Jeunesse lance une nouvelle collection pour les jeunes adultes : Black Moon Nouvelles. L'idée est audacieuse et séduisante, et je croise les doigts pour que cette collection trouve son public. Cela m'a permis de découvrir un nouvel auteur grâce à ce petit recueil composé de deux nouvelles.

    La fille du déménageur

    Comment redonner goût à la vie à sa fille suicidaire ? Surtout quand on est un papa divorcé et peu causant ? De conversations avec son entourage en fouilles sur Internet, Vincent le taiseux va imaginer une idée magique, merveilleuse...

    Le dernier tour :

    A la nuit tombée, par delà les années et les pièges de la vie, un père et son fils se retrouvent autour d'un vieux manège pour une conversation toute en pudeur et en émotions...



    L'écriture de ces deux nouvelles est lumineuse et douce. J'ai aimé ce papa taciturne et maladroit, touchant dans son désir de redonner le sourire à sa fille. Je croyais deviner la fin, du coup le petit retournement final n'en a été que plus agréable... Quant à la deuxième nouvelle, elle distille une puissance impression de nostalgie, un chagrin que les années n'arrivent pas à effacer... Très intense.

    Au final, une belle découverte, qui me donne envie de lire d'autres romans de Caroline Vermalle.

    La fille du déménageur
    Editions Hachette Jeunesse
    Collection Black Moon Nouvelles
    5.90€


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  • Sur tout le Tapis règne la paix de l'empire dumii. Aux marges de la civilisation, la tribu des Munrungues coule sous les poils une existence paisible. Mais, un jour, un terrible cataclysme frappe à proximité du village munrungue. Une ville dumiie est broyée par l'ancien monstre des légendes : le grand Découdre est de retour ! Dans son sillage, des créatures féroces montées sur des fauves parachèvent son œuvre de destruction. Cernés, les Munrungues s'engagent dans un grand périple à travers les poils, sous la conduite des frères Orkson. Un voyage qui les conduira à la découverte des merveilles de leur monde, et qui changera pour toujours l'existence de tous les Fils de la poussière.


    Le peuple du tapis / Terry Pratchett


    Bon, autant avouer la vérité maintenant - et peut-être qu'en le disant très vite les fans ne vont pas m'entendre et donc éviter de me lyncher sur place - mais je n'ai jamais lu un seul livre de Terry Pratchett à part celui-ci. Voilà, on peut passer à autre chose maintenant ?

    J'ai lu Le Peuple du Tapis toute jeune, et j'en ai pleuré de rire. Et c'est toujours avec délectation que je me replonge dans ce court roman. Outre l'originalité de placer son histoire en plein cœur d'un tapis, Terry Pratchett le peuple de créatures toutes plus originales les unes que les autres : les Moizes et leurs sinistres snargues, les Vivants qui connaissent l'avenir, les minuscules Fulgurognes toujours prêts pour une bonne bagarre...
    Au milieu de ces différents peuples, Snibril et son frère Glurk, et toute la tribu des Munrungues derrière eux, vont par la force des choses quitter leur village détruit par le Grand Découdre et découvrir le vaste monde, faire des rencontres toutes plus étonnantes les unes que les autres... et changer le destin du Tapis tout entier...

    - Nous avons besoin d'aide, insista Snibril avec un chuchotement paniqué. C'est quoi, le grand Découdre ? Où pouvons-nous aller pour être en sécurité ? Vous ne pourriez pas nous le dire ?
    Le Vivant se pencha plus près de lui.
    - Est-ce que vous êtes capable de garder un secret ? demanda-t-il sur le ton de la conspiration.
    - Oui !
    Mais de le garder vraiment bien ? Même si vous aviez envie de donner n'importe quoi pour pouvoir le confier à autrui ? Même si c'était aussi douloureux que de garder en vous une braise rougeoyante ? En êtes-vous vraiment capable ?
    - Euh... oui.
    - Eh bien, conclut le Vivant en se redressant sur son séant, nous aussi.

    L'histoire tourne essentiellement autours de Snibril. On peut regretter le fait qu'il ait un caractère un peu trop effacé, mais cela est vite oublié grâce à la brochette de personnages hauts en couleurs qui l'entourent : Forficule le philosophe cynique, Fléau l'ancien soldat droit dans ses bottes, Brocando le petit roi fulgurone impulsif... Malgré leurs caractères différents, ils s'unissent pour enrayer l'invasion des moizes et l'anéantissement de la civilisation. Mais cela ne va pas sans heurts - et cela permet a Terry Pratchett de nous servir des moments croustillants d'humour, ainsi qu'une ode à la fraternité.

    Quand un grain de sucre devient un roc immense, une pièce de monnaie une région toute entière, un aspirateur le fléau ultime et un grain de poussière la colline où est bâtie une cité... Le monde vu à travers le prisme de l'infiniment petit fourmille d'originalité !

    Vous ne regarderez plus votre tapis de la même manière désormais !


    Le Peuple du Tapis
    Terry Pratchett
    Editions J'ai Lu
    5.80€

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  • Flânant dans un musée de ma ville en ce dimanche en demie-teintes, mes pas m'ont menés dans la reconstitution d'un cabinet de curiosité. Pièce rouge sombre, objets étranges, le ton était donné. Et là, au milieu des chèvres à deux têtes, crocodiles empaillés et astrolabes finement ciselés, mes yeux tout écarquillés se sont posés sur un caillou bien étrange. Gros comme un poing d'enfant, lisse et brunâtre. Bézoard de vache, indiquait la petite affichette sur le côté, suivi d'un descriptif sobre.
    J'ai bien tout lu le résumé, et puis j'ai regardé le petit caillou, partagé entre l'envie de vomir et la fascination pour ce que représentait au final cette chose d'apparence si banale.
    Du coup je partage avec vous ce morceau de culture, quand la science croise la superstition populaire...


    Le bézoard, la pierre aux mille vertus




    Le mot bézoard vient du perse pâdzhar, qui préserve du poison. On l'appelle également perle de fiel ou perle d'estomac. C'est un corps étranger que l'on peut trouver dans l'estomac des humains ou des animaux ruminants.


    Parlons médecine !

    (Donc ça, c'est la partie qui me donne envie de vomir)

    Le bézoard est une accumulation de fibres qui ne sont pas éliminées lors du transit et s'agglomèrent entre elles, formant un corps compact. il en existe différents types :
    - les phytobézoards, composés de fibres d'origine végétales
    - les trichobézoards, formés de cheveux ; ceux-ci se apparaissent généralement chez des personnes atteintes de trichophagie (trouble consistant à ingérer ses cheveux)
    - les pharmacobézoards, formés de médicaments et/ou d'enveloppes de médicaments.

    Au niveau des symptômes, le bézoard est habituellement bien toléré. Cependant il peut survenir des ballonnements, des troubles digestifs, une perte de l'appétit et de la constipation. Lorsque la présence d'un bézoard est détecté, il peut être éliminé de différentes façons : enzymes, accélérateurs de transit ou chirurgie.



    Le bézoard, la pierre aux mille vertus




    Magique vous dis-je !

    Dès l'Antiquité, le bézoard est réputé pour ses nombreuses vertus ; il guérirait la petite vérole, la dysenterie, la peste... Une véritable panacée ! Ce serait aussi un excellent anti-poison, et un remède contre la mélancolie. La famille des Hasbourg en aurait ainsi fait une grande consommation sous forme de poudre, et le Cardinal de Richelieu aurait lui aussi profité des bienfaits de cette pierre.
    Relativement rares, les bézoards coûtaient chers, et leurs plus riches propriétaires les enchâssaient dans des parures d'or...

    Les avancées de la médecine mirent fin aux croyances liées au bézoard, mais son étrange provenance continua de provoquer l'intérêt des collectionneurs, et il fit le bonheur des adeptes des cabinets de curiosités...


    Le bézoard, la pierre aux mille vertus


                                                                            Bézoard  exposé au Kunt Historisches Museum de Viennes.



    Une telle chose dans l'estomac... Pas étonnant que les esprits se soient autant emballés...


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  • Sophia demeure avec sa mère et sa sœur près d'une forêt de béton et de briques : une ville moderne. Pour aller voir sa mamie, de l'autre coté de la forêt, elle doit traverser «Le Bois», un endroit magique (un centre commercial) où l'on peut se procurer tout ce dont on rêve. Mais, étourdie par les couleurs et le bruit, elle perd son chemin. Un chasseur souriant se présente, chevauchant une moto noire. Sophia lui parle de sa grand-mère dans sa petite maison... Sur la voie rapide, le chasseur quitte Sophia, prend un raccourci et arrive le premier chez la grand-mère.
    Imaginez la suite...


    La petite fille en rouge / Roberto Innocenti



    Le conte du Petit Chaperon Rouge revisité dans un version ultra-réaliste, ça donne froid dans le dos !

    L'histoire se passe dans une grande ville, pleine de monde, de publicités agressives... Les images, riches en détails, nous montre des lieux oppressants et angoissants. Des gens qui ont l'air au mieux complètement déshumanisés, au pire prêts à tous les méfaits. Où que le regard du lecteur se pose, ce sont des couleurs criardes qui lui sautent à la figure, comme pour mieux cacher la misère alentours. Ça fait peur, et c'est le but.
    Dans cette ville tentaculaire, la petite fille paraît bien vulnérable, et le loup encore plus inquiétant...

    Le fait que ce conte ait été transposé dans une ville - certes imaginaire - qui pourrait être n'importe où dans le monde, à notre époque, m'a encore plus plongée dans l'histoire, au point où je tournais les pages avec une pointe d'angoisse, voyant l'inéluctable arriver à grand pas...

    Heureusement pour les plus jeunes lecteurs, une fin alternative est proposée...

    Alors, serez-vous cruels/réalistes au point de taire la fin heureuse à vos chères têtes blondes ?...

    La petite fille en rouge
    Roberto Innocenti
    Editions Gallimard Jeunesse
    13,90€


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