• Quelques peuples nomades tentent de subsister dans une Europe dévastée par les pollutions chimiques, nucléaires et génétiques. Parmi eux, le peuple de l'eau. Le seul à pouvoir localiser les sources épargnées par les contaminations. L'avenir de tous dépend des baguettes des sourciers. Et sans eau pure, pas de vie !
    Solman le boiteux est né avec le don de clairvoyance. infaillible juge des âmes, rejeté par les autres, le jeune homme ne peut se confier qu'à Raïma la guérisseuse. Elle l'aide à prendre conscience de son pouvoir, lui ouvre les yeux sur les signes qui jalonnent la route du peuple de l'eau.
    Des signes qui, à la lueur du Livre interdit, semblent annoncer la fin des derniers hommes...


    Les derniers hommes / Pierre Bordage



    il y a de cela maintenant un bon petit paquet d'années, les éditions Librio avaient eu la formidable idée de publier Les Derniers Hommes, un feuilleton de 6 courts romans, à raison d'une publication par mois - aujourd'hui réédité chez J'ai Lu et le Diable Vauvert. Je me souviens de l'impatience de ma sœur et moi, lors de la sortie de chaque tome...

    Pierre Bordage est un spécialiste des romans d'anticipation. On retrouve ici ses thèmes de prédilection : une Europe post-apocalyptique ravagée par la guerre, un humanisme sombre et désenchanté, et pourtant porteur d'espoir, quelque part. La foule de personnages qu'on croise pourrait presque inciter à se tirer directement une balle dans la tête - l'égoïsme, l'indifférence et la cruauté règnent en maître - mais ce sentiment est heureusement mis de côté grâce à la pureté de Solman, la gouaille de Chek et Moram, la ténacité de Raïma.

    La capacité de Solman a sonder l'âme des gens pour y détecter le moindre mensonge est un terrible fardeau pour lui. Son peuple l'évite, terrifié par cet étrange pouvoir. Et pourtant, c'est grâce à ce don que le jeune homme va contrer une mystérieuse menace...

    La vie des différents peuples nomades qui parcourent l'Europe est minutieusement décrite. Chaque clan a sa façon de vivre, ses coutumes et ses expressions. Bordage nous les présente de façon quasi anthropologique, et ses descriptions sont fascinantes. Ainsi , le peuple de Solman, les Aquariotes, se déplacent dans des camions maintes fois rafistolés pour chercher inlassablement de l'eau pure, leur monnaie d’échange lors des grands rassemblement avec les autres clans.

    Le contexte est aussi clairement expliqué - comment et pourquoi la guerre a ravagée le Vieux Continent, les machines à tuer qui continuent de fonctionner, et les maladie comme la transgénose que les armes bactériologiques ont engendrés.

    Porté par un mysticisme sous-jacent, le récit est mené tambour battant et forme un véritable plaidoyer pour la planète, un cri d'alarme contre les guerres, et donne l'envie de tendre la main à son prochain.


    Les derniers hommes
    pierre Bordage
    Editions Le Diable Vauvert
    23,50 €


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  • Quand Richard Matheson entre en littérature, le fantastique entre, lui, dans l'âge de la modernité : évacué, le surnaturel gothique, l'effroi désormais s'immisce dans les plus infimes recoins du quotidien, et ce avec un talent littéraire à nul autre pareil : d'une tranchante concision, d'une variété narrative et formelle exceptionnelle, d'une richesse thématique impressionnante, la "marque" Matheson fait naître une nouvelle vision de la terreur, névrotique, angoissante et délicieusement teintée d'humour macabre...


    Aujourd'hui je m'attaque à un monstre sacré de la littérature. Richard Matheson a inspiré nombres d'écrivains en tout genre - dont Stephen King - et reste un des maîtres absolus en matière de littérature fantastique. Le scénario de Duel, réalisé par Spielberg ? C'est lui. Je suis une légende ? C'est lui aussi. L'homme qui rétrécit ? Encore lui.

    Il y a quelques années, les éditions J'ai Lu ont eu la formidable idée de publier l'intégrale des nouvelles de Matheson. J'avais 19 ans, j'aimais déjà depuis longtemps les littératures de l'imaginaire. Fort logiquement, j'ai acheté cette intégrale en trois tomes. Je ne l'ai plus lâchée depuis. De temps en temps, je les ouvre pour lire une ou plusieurs nouvelles - voir le recueil entier.

    Il est difficile de parler des nouvelles de Matheson dans leur ensemble, tant elles sont éclectiques. On trouve de tout. Une tripotée de donzelles, où des prostituées font du porte à porte est extrêmement drôle ; quant à L'examen - les personnes les plus vieilles passent un examen, et ceux qui échouent sont purement et simplement euthanasiés, afin de limiter les problèmes de surpopulation - c'est une nouvelle dont l'on ressort la gorge nouée.
    Beaucoup de ces textes sont du domaine de la science fiction ou de l'anticipation - des histoires qui se passent sur d'autres planètes, ou présentant un futur ravagé et sans espoir. D'autres s'inscrivent dans le quotidien, où un élément fantastique vient gripper le quotidien bien huilé. Ce moment où le personnage central sent que son esprit lâche prise, cet instant où il se sent basculer vers la folie...


    L'écriture de Matheson est claire et magistrale. Dès la première phrase, le ton est donné, le décor planté, et on embarque irrésistiblement dans l'histoire. On sent qu'il maîtrise l'art de la nouvelle, et qu'il s'amuse beaucoup à concocter des chutes renversantes. Le thème central est toujours l'humain et sa relation face au monde ou à autrui.

    Trois livres magistraux, qui font rire, pleurer ou frissonner. Que vous aimiez ou non le fantastique et la science-fiction, ces textes se lisent d'une traite.


    Nouvelles
    1/ 1950-1953
    2/ 1953-1959
    3/1959-2003
    Richard Matheson
    Editions J'ai Lu


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  • Dans la mythologie celtique, les Tuatha dè Danann sont une race de dieux venus s'établir en Irlande. Ils firent auparavant escale dans quatre villes mythiques du Nord - Falias, Gorias, Finias et Murias - et en ramenèrent quatre talismans.



    Les talismans des Tuatha de Danann




    L'épée de Nuada

    L'épée de lumière était si aiguisée que les corps s'ouvraient spontanément en deux pour l’accueillir. Au moment de frapper l'ennemi, elle prend la forme d'un arc-en-ciel. Dans les mythes celtes plus récents et les légendes arthuriennes, l'épée de Nuada prend les noms de Caladbolg - Dure Tranchant - Calad-colg, Caledfoulch, Kaledfoulc'h ou Kaletfwlch. Elle est connue chez nous sous le nom d'Excalibur.

     

    Le chaudron de Dagda

    Proche parent de la corne d'abondance, le Chaudron de Dagda pouvait nourrir toute une armée sans jamais se vider. Il avait également le pouvoir de ressusciter les morts que l'on mettait dedans. Ceux qui revenaient ainsi avaient acquis d'immenses connaissances - mais étaient aussi devenus muets entre temps. Enfin, le Chaudron servait également de passage entre notre monde et celui de la Déesse-Mère.



    La lance de Lug

    Aussi nommée Gae Bolga, le Javelot Foudre. Une fois lancée, elle ne ratait jamais sa cible et volait presque de sa propre volonté. Elle obéissait à certains mots de pouvoir, mais était si assoiffée de sang et de combats qu'il fallait la maintenir enchaînée.  On l'immergeait dans le Chaudron de Dagda afin d'assouvir sa soif.
    Elle aurait inspirée la lance de Longinus - soldat romain qui transperça le flan du Christ avec sa lance ; depuis, celle-ci ne cessa jamais de saigner à sa pointe.



    La pierre de Fal

    De son petit nom Lia Fail, la Pierre du Destin. Symbole du pouvoir légitime et de la royauté, la Pierre de Fal crie si le souverain légitime d'Irlande s'assoit sur elle, sain de corps et d'esprit - Nuada, ayant perdu une main au combat, ne pu prétendre au trône d'Irlande. Elle a également le pouvoir de rajeunir le roi et de protéger l'Irlande. Sous le coup de la colère, Cuchulainn brisa un jour la Pierre avec son épée ; elle n'a plus jamais gémit depuis lors.

    Les rois d'Ecosse eurent en leur possession un fragment de Lia Fail, qu'ils placèrent à l'abbaye de Scone. Elle servait de manière symbolique lors des couronnements. Mais au XIIIème siècle, le roi d'Angleterre Edouard 1er s'en empara comme butin de guerre et la conserva dans l'abbaye de Westminster, aggravant les tensions entre les deux pays. Elle ne fut restituée à l'Ecosse qu'en 1996. Elle fut placée au château d'Edimbourg, et l'accord passé entre les deux pays prévoit qu'elle soit renvoyée de façon temporaire à Westminster pour les cérémonies de couronnement.

    Mais la légende continue, puisque certains chuchotent que l'actuelle Piere de Scone ne serait pas authentique. Lors de l'invasion anglaise, les moines de Scone auraient caché la Pierre dans une rivière ou enterré sous une colline. Si cela est vrai, elle n'a jamais été retrouvée...


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  • Le matin de son mariage, Pell Ridley sort de son lit, embrasse ses soeurs et s'enfuit à grand galop dans la campagne endormie. Adieu la vie d'ennui et de labeur que le destin lui a tracé. Devant elle, le paysage est splendide. Chaque visage est une promesse. Chaque rencontre est un danger.
    Mais Pell est déjà une héroïne : elle n'a peur de rien et attend tout de la vie...



    La balade de Pell Ridley / Meg Rosoff



    Autant lâcher le morceau tout de suite : habituellement, Meg Rosoff me laisse au mieux indifférente - il me semble avoir lu Maintenant c'est ma vie, mais sans parvenir à m'en rappeler - au pire je caresse l'idée de me servir de ses livres comme cale-meuble - par exemple... Au commencement il y avait Bob, que je n'ai même pas fini tant ce roman me semblait inepte et lourdingue.

    Autant dire que c'était mal parti.

    Mais je suis une libraire sérieuse - hem... - et je me force aussi à lire des romans qui ne sont pas forcément mon style. Parfois cela confirme mon dégoût, et parfois je fais de belles rencontres, comme avec ce roman. Alors : pardon Meg Rosoff pour tout ce que j'ai pu dire de mal sur vos bouquins, et merci pour cette perle d'écriture.

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    Pell aime les chevaux et la liberté. Elle aime nettement moins l'idée de se marier avec son ami d'enfance et rester prisonnière de son rôle d'épouse usée par les accouchements et la misère. Elle rêve d'autre chose, un endroit où elle serait à sa place. Alors elle s'en va, talonné par son cheval Jack et par Bean, son petit frère muet.
    Mais dans l'Angleterre du XIXème siècle, il est dangereux pour une femme de voyager seule sur les routes. Ses demandes d'emploi n'attirent que la suspicion et la méfiance de la part des braves citoyens bien établis. Que veut cette jeune fille crottée et flanquée d'un gamin qui ne parle pas ? Mais Pell s'entête, jusqu'au moment ou Jack et Bean disparaissent. Alors l'errance de la jeune fille se transforme en quête désespérée pour les retrouver tous les deux, coûte que coûte...

    Au court de son périple, la jeune fille croise des personnes plus ou moins bien attentionnées, et à travers ces gens, c'est toute l'Angleterre campagnarde et pauvre qui se dévoile sous nos yeux. Jusqu'à sa rencontre avec un braconneur taiseux. Une relation sensuelle et troublante en découle, mais rien ne peut détourner la jeune fille de son but, pas même l'amour. Toutes ces épreuves l'endurcissent, et lui en révèlent beaucoup sur elle-même et sur le monde qui l'entoure.

    Ce roman est court - moins de 250 pages - mais âpre. Meg Rosoff n'épargne pas ses personnages qui vivent dans la misère la plus crue - les moments que Bean passe à l'hospice sont horribles et laissent une sale impression au fond de la gorge.

    On garde longtemps en tête cette jeune fille courageuse qui plaque tout pour vivre sa vie librement, à une époque où la condition des femmes n'était même pas évoquée.


    La balade de Pell Ridley
    Meg Rosoff
    Editions Albin Michel Jeunesse
    Collection Wiz
    12.50 €


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  • Une journée d'octobre apparemment comme les autres, l'humanité découvre avec stupeur que la vitesse de rotation de la Terre a ralenti. Les jours atteignent progressivement 26, 28 puis 30 heures. La gravité est modifiée, les oiseaux, désorientés, s'écrasent, les marées se dérèglent et les baleines s'échouent... Tandis que certains cèdent à la panique, d'autres, au contraire, s'accrochent à leur routine, comme pour nier l'évidence que la fin du monde est imminente. En Californie, Julia est le témoin de ce bouleversement, de ses conséquences sur sa communauté et sa famille. Adolescente à fleur de peau, elle est à l'âge où son corps, son rapport aux autres et sa vision du monde changent : l'âge des miracles. Entre roman d'anticipation et roman d'apprentissage, L’Âge des miracles est un livre visionnaire sur la capacité d'adaptation de l'homme, poussée ici à son paroxysme.


    L'age des miracles / Karen Thompson Walker




    Julia, 23 ans, se rappelle son adolescence, et à travers elle, on suit le lent déclin de l'humanité. La rotation de la Terre a ralenti, et cet évènement entraîne de graves conséquences : les oiseaux meurent en premier, désorientés par un champ magnétique qui joue les girouettes, puis les baleines et d'autres animaux. La gravité se modifie - Julia constate ainsi qu'il est plus difficile de lancer loin un ballon de football. L'atmosphère ne protège plus des radiations du soleil, entraînant des maladies plus ou moins graves.
    Enfin, les jours et les nuits s'allongent, de plus en plus, jusqu'à chacun durer des semaines à la fin de l'histoire. Entre les nuits glaciales et les journées brûlantes, les bêtes et les plantes ont du mal à survivre, augurant d'une future famine. Quant aux humains, ils se partagent en deux groupes : ceux qui continuent de vivre au rythme des vingt-quatre heures des horloges, et ceux qui préfèrent suivre le rythme solaire.

    A travers les souvenirs de Julia, on suit un récit crépusculaire où l'extinction de l'humanité semble inéluctable ; les gens continuent leur vie tant bien que mal en espérant sans trop y croire que tout pourrait s'arranger. En attendant, ils accumulent les provisions et les objets nécessaires à la survie. Des mouvements de paniques gagnent sporadiquement les foules, des sectes voient le jour. Et Julia ? Julia vit sa première histoire d'amour, Julia espère encore vivre une adolescence normale...

    C'est un récit à la fois touchant et effrayant, une hypothèse d'apocalypse qui pourrait fort bien nous arriver et devant laquelle nous resterions impuissants, malgré toute notre science.


    L'âge des miracles
    Karen Thompson Walker
    Presses de la cité
    19.90 €


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