• Flânant dans un musée de ma ville en ce dimanche en demie-teintes, mes pas m'ont menés dans la reconstitution d'un cabinet de curiosité. Pièce rouge sombre, objets étranges, le ton était donné. Et là, au milieu des chèvres à deux têtes, crocodiles empaillés et astrolabes finement ciselés, mes yeux tout écarquillés se sont posés sur un caillou bien étrange. Gros comme un poing d'enfant, lisse et brunâtre. Bézoard de vache, indiquait la petite affichette sur le côté, suivi d'un descriptif sobre.
    J'ai bien tout lu le résumé, et puis j'ai regardé le petit caillou, partagé entre l'envie de vomir et la fascination pour ce que représentait au final cette chose d'apparence si banale.
    Du coup je partage avec vous ce morceau de culture, quand la science croise la superstition populaire...


    Le bézoard, la pierre aux mille vertus




    Le mot bézoard vient du perse pâdzhar, qui préserve du poison. On l'appelle également perle de fiel ou perle d'estomac. C'est un corps étranger que l'on peut trouver dans l'estomac des humains ou des animaux ruminants.


    Parlons médecine !

    (Donc ça, c'est la partie qui me donne envie de vomir)

    Le bézoard est une accumulation de fibres qui ne sont pas éliminées lors du transit et s'agglomèrent entre elles, formant un corps compact. il en existe différents types :
    - les phytobézoards, composés de fibres d'origine végétales
    - les trichobézoards, formés de cheveux ; ceux-ci se apparaissent généralement chez des personnes atteintes de trichophagie (trouble consistant à ingérer ses cheveux)
    - les pharmacobézoards, formés de médicaments et/ou d'enveloppes de médicaments.

    Au niveau des symptômes, le bézoard est habituellement bien toléré. Cependant il peut survenir des ballonnements, des troubles digestifs, une perte de l'appétit et de la constipation. Lorsque la présence d'un bézoard est détecté, il peut être éliminé de différentes façons : enzymes, accélérateurs de transit ou chirurgie.



    Le bézoard, la pierre aux mille vertus




    Magique vous dis-je !

    Dès l'Antiquité, le bézoard est réputé pour ses nombreuses vertus ; il guérirait la petite vérole, la dysenterie, la peste... Une véritable panacée ! Ce serait aussi un excellent anti-poison, et un remède contre la mélancolie. La famille des Hasbourg en aurait ainsi fait une grande consommation sous forme de poudre, et le Cardinal de Richelieu aurait lui aussi profité des bienfaits de cette pierre.
    Relativement rares, les bézoards coûtaient chers, et leurs plus riches propriétaires les enchâssaient dans des parures d'or...

    Les avancées de la médecine mirent fin aux croyances liées au bézoard, mais son étrange provenance continua de provoquer l'intérêt des collectionneurs, et il fit le bonheur des adeptes des cabinets de curiosités...


    Le bézoard, la pierre aux mille vertus


                                                                            Bézoard  exposé au Kunt Historisches Museum de Viennes.



    Une telle chose dans l'estomac... Pas étonnant que les esprits se soient autant emballés...


    1 commentaire
  • Je ne sais plus où je l'ai croisée - le titre d'un roman, sûrement, alors que je faisais des recherches pour un client. Aigle de sang. L'expression m'a frappée, à la fois poétique et terrible, et je l'ai rangé dans un coin de mon esprit pour y revenir le soir, au calme.
    J'ai donc creusé lorsque je suis rentrée le soir, et voilà ce que j'ai découvert...



    L'aigle de sang


                                                                        Hé non les amis, pas de photo sanglante représentant cette forme de torture.
                                                                                               On se contentera aujourd'hui de ce viking fier et puissant partant en guerre.


    Voilà une bien jolie expression qui recouvre une réalité moins poétique...

    Sacrifice à Odin ou vengeance, l'aigle de sang est une forme de torture particulièrement percutante des vikings. Elle consistait à inciser le dos de la victime, de la nuque jusqu'aux reins, puis séparer les côtes pour les déployer de chaque côtés de la colonne - formant ainsi un aigle sanglant - mettant par ce fait à jour les poumons de la victime. celle-ci mourrait apparemment assez vite...

    Cependant, les historiens sont de plus en plus nombreux à réfuter cette pratique barbare. Le terme proviendrait d'une erreur de traduction de la poésie scaldique (les scaldes sont des poètes scandinaves au alentours du Moyen Age). Les bourreaux ne découperaient pas la victime avec un aigle de sang, mais laisserait un aigle lui déchiqueter le dos. L'image est assez forte aussi, vous en conviendrez.

    Réalité historique ou licence poétique ? Peut importe. L'expression a traversé les siècles et fait désormais partie du folklore viking...


    1 commentaire
  • Dans la mythologie celtique, les Tuatha dè Danann sont une race de dieux venus s'établir en Irlande. Ils firent auparavant escale dans quatre villes mythiques du Nord - Falias, Gorias, Finias et Murias - et en ramenèrent quatre talismans.



    Les talismans des Tuatha de Danann




    L'épée de Nuada

    L'épée de lumière était si aiguisée que les corps s'ouvraient spontanément en deux pour l’accueillir. Au moment de frapper l'ennemi, elle prend la forme d'un arc-en-ciel. Dans les mythes celtes plus récents et les légendes arthuriennes, l'épée de Nuada prend les noms de Caladbolg - Dure Tranchant - Calad-colg, Caledfoulch, Kaledfoulc'h ou Kaletfwlch. Elle est connue chez nous sous le nom d'Excalibur.

     

    Le chaudron de Dagda

    Proche parent de la corne d'abondance, le Chaudron de Dagda pouvait nourrir toute une armée sans jamais se vider. Il avait également le pouvoir de ressusciter les morts que l'on mettait dedans. Ceux qui revenaient ainsi avaient acquis d'immenses connaissances - mais étaient aussi devenus muets entre temps. Enfin, le Chaudron servait également de passage entre notre monde et celui de la Déesse-Mère.



    La lance de Lug

    Aussi nommée Gae Bolga, le Javelot Foudre. Une fois lancée, elle ne ratait jamais sa cible et volait presque de sa propre volonté. Elle obéissait à certains mots de pouvoir, mais était si assoiffée de sang et de combats qu'il fallait la maintenir enchaînée.  On l'immergeait dans le Chaudron de Dagda afin d'assouvir sa soif.
    Elle aurait inspirée la lance de Longinus - soldat romain qui transperça le flan du Christ avec sa lance ; depuis, celle-ci ne cessa jamais de saigner à sa pointe.



    La pierre de Fal

    De son petit nom Lia Fail, la Pierre du Destin. Symbole du pouvoir légitime et de la royauté, la Pierre de Fal crie si le souverain légitime d'Irlande s'assoit sur elle, sain de corps et d'esprit - Nuada, ayant perdu une main au combat, ne pu prétendre au trône d'Irlande. Elle a également le pouvoir de rajeunir le roi et de protéger l'Irlande. Sous le coup de la colère, Cuchulainn brisa un jour la Pierre avec son épée ; elle n'a plus jamais gémit depuis lors.

    Les rois d'Ecosse eurent en leur possession un fragment de Lia Fail, qu'ils placèrent à l'abbaye de Scone. Elle servait de manière symbolique lors des couronnements. Mais au XIIIème siècle, le roi d'Angleterre Edouard 1er s'en empara comme butin de guerre et la conserva dans l'abbaye de Westminster, aggravant les tensions entre les deux pays. Elle ne fut restituée à l'Ecosse qu'en 1996. Elle fut placée au château d'Edimbourg, et l'accord passé entre les deux pays prévoit qu'elle soit renvoyée de façon temporaire à Westminster pour les cérémonies de couronnement.

    Mais la légende continue, puisque certains chuchotent que l'actuelle Piere de Scone ne serait pas authentique. Lors de l'invasion anglaise, les moines de Scone auraient caché la Pierre dans une rivière ou enterré sous une colline. Si cela est vrai, elle n'a jamais été retrouvée...


    votre commentaire
  • ... On risque bien du malheur, selon la croyance populaire.

    J'avais un ami, qui lorsqu'il voyait une échelle, changeait carrément de trottoir pour ne pas la croiser. C'était assez perturbant - surtout quand on ne se rend compte qu'au bout d'une dizaine de mètres que *pouf* l'ami en question a mystérieusement disparu.
    (Petit aparté à cet ami : si tu lis ceci, sache que c'est à cause de toi que je rédige cet article, tu vois à quel point tu m'a perturbée ??)


    [Superstition] En passant sous les échelles...



    Il est évidemment plus prudent de passer au large d'une échelle appuyée contre un mur - qui sait ce qui pourrait en tomber : un pot de peinture, une tuile, l'ouvrier lui-même...
    Ça, c'est pour le concret. Mais pour la superstition, d'où ça vient ?

    Approchez-vous et ouvrez grands vos mirettes. Là... Vous avez remarqué ? Une échelle appuyée contre un mur forme un triangle. Or, dans de nombreuses civilisations, le chiffre trois - ici représenté par un triangle - est considéré comme sacré. Pour la religion chrétienne, il représente la Sainte Trinité. Or, passer sous une échelle revient à briser cet espace consacré. Gare à ce qui pourrait alors arriver  au malheureux !...
    Il existe toutefois une manière de se protéger : il faut compter les barreaux de l'échelle, et si l'on arrive à un nombre impair, le malheur est contré...
    Cette croyance est tellement forte qu'en France et en Angleterre on faisait passer les condamnés à mort sous une échelle - pendant que le bourreau la contournait (En même temps, des condamnés à mort... Quel malheur pouvait leur arriver en plus de leur proche trépas ?...)

    Et à présent, forts de ce savoir, allez vous promener... Et observez le nombre de gens qui contournent de façon plus ou moins consciente les échelles qui jalonnent leur parcours !


    votre commentaire
  • Les nuits sont froides et tristes après les festivités de Noël, et les gens se rassemblent frileusement entre eux, bien au chaud. Entendez-vous dehors ces longues lamentations ?  Le vent, diront les rationnels qui ne voient point de magie en ce monde.
    Le vent ? Oh non, bienheureux ignorants... Car durant les douze nuits qui séparent Noël de l'Epiphanie, il ne fait pas bon sortir dehors... La Chasse Sauvage sévit, et attrape en son sein les malheureux qui croisent sa route...

    Alors, restez près de moi, et apprenez ce que sont ces chasses fantastiques, pendant que hurlent dehors des choses qui ne sont pas de notre monde...


    La chasse sauvage




    Traversant le ciel pendant les nuits d'orage ou de grands vents, les Chasses Sauvages sont composées de revenants et d'âmes damnées. Celui qui les mène a différents noms suivant les régions ou les pays : Grand Veneur, Hellequin, Arthur, le Diable, le Piqueur Noir, Herne le Chasseur, Odin...
    Les chasses en elle-même changent de nom aussi : Chasse Proserpine, Chasse Macabre, Mesnie Hennequin, chasse Galery... Les dénombrer toutes est quasiment mission impossible !...
    Voir une telle chasse est synonyme d'évènements néfastes, tels la peste, la guerre ou la famine.

    Lorsqu'on croise une Chasse Sauvage, il faut se garder de demander sa part de gibier, sous peine de voir tomber devant soi des morceaux de cadavres humains. De toutes les manières, il vaut mieux ne pas croiser ces chasseurs maudits afin de ne pas être embarqué dans leur chasse infernale. Pour s'en préserver, l'imprudent doit tracer un cercle autours de lui, ou bien faire tout simplement le mort, allongé par terre...
    Mais croiser une Chasse Sauvage, même si l'on en revient vivant, blanchit irrémédiablement les cheveux !
    De même, il vaut mieux attacher son chien afin que celui-ci ne rejoigne pas ses congénères morts.

    L'origine des chasses sauvages diffèrent selon les endroits. Dans certaines régions, ce sont des cortèges d'enfants morts sans baptème. Le plus souvent il s'agit de grands personnages tellement pris par leur passion du gibier qu'ils n'ont pas respecté le repos dominical et sont donc condamnés pour l'éternité à traquer une proie qu'ils n'attraperont jamais. On trouve aussi des gens qui auraient blasphémé - tel ce curé qui voyant un gibier courir au loin s'écria "Que le Diable m'emporte si ce n'est pas un loup!" Pas de bol, c'était un renard...

    Alors, mes amis, ne sortez pas ce soir, sous peine de chevaucher pour l'éternité, sans espoir de répit...


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique